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mercredi 7 janvier 2015

Je vous en conjure, soyons tous Charlie / I'm begging you, let's all be Charlie



Il n' y pas de mot, pour décrire une telle barbarie. Ou plutôt, il y en a trop. Il n'est pas question que le terrorisme impose le silence.

Je suis atterrée, autant par l'acte que par ma réaction première. Lorsqu'un Canadien m'a demandé ce que je pensais de "ce qui s'est passé en France", puis a résumé la situation en réponse à mon air interrogateur, j'ai tout d'abord pensé "ha, encore!". Dès que j'en ai eu l'occasion, je me suis précipitée sur internet, me rendre mieux compte de la réalité, et là seulement, j'ai commencé à intégrer l'information, autant avec mon cerveau qu'avec mon cœur, mon âme, peu importe le nom: cette partie de nous qui nous rend humain. 

Le monde me dégoûte, je me dégoûte. 

Haine, violence, terrorisme, torture, souffrance, meurtres, génocides, enlèvements, séquestration, intimidation, viol, mutilation, peine de mort, esclavagisme, cruauté, barbarie, sadisme...
Au nom d'un Dieu, ou comme hobby. L’innommable chaque jour, est commis. L’innommable chaque jour, est subi. Et trop souvent, l’innommable n'est pas nommé, et l’innommable, est oublié.
Nous savons ce qui se passe, les médias nous bombardent d'informations: son, image, reportages en tout genre. Nous ne pouvons pas dire que nous ne savons pas. Nous pouvons même répéter sans problème des données quantitatives, et décrire avec précision les dégâts engendrés. Mais à trop entendre, et à trop voir, ensevelis sous l'information, abrutis par des médias plus concernés par l'envie de faire le buzz que par la nécessité d'agir et de faire réagir, nous n'entendons plus, et ne voyons plus. Ce sont des images, que l'on peut regarder en replay en mangeant du popcorn.  Ce sont des sons que l'on peut faire taire d'un coup de télécommande. Toute cette souffrance humaine, dont on est témoin, est chaque jour un peu plus déshumanisée. L'écran impose cette illusoire distance. L'écran nous protège, nous éloigne, nous dédouane de ces atrocités quotidiennes, et mondiales.

La liberté de penser est notre droit le plus précieux: ne nous en privons pas!!!!


Cet acte de terrorisme, un parmi tant d'autres, commis ce mercredi 7 janvier avait 2 cibles. Des hommes, et des idées. Bien sûr, la kalachnikov ne laisse pas vraiment le choix, et les hommes se sont tus. Et ce silence là est terrible. Ce silence là hurle l'absurdité du monde, et l'absurdité de l'humain. Car la deuxième cible, l'idée, ne sera jamais atteinte. L'idée est contagieuse, et l'idée se propage, offrant une maigre chance à l'humanité de s'élever spirituellement et de prôner et de vivre la liberté, le respect et la tolérance. 
Mais comment réaliser la mort de ces hommes, comment comprendre que pour d'autres hommes, le meurtre et la barbarie puissent être légitimés par le non-partage d'une idée?
Un mort, des dizaines de milliards de morts, une infinité de morts. Pour moi, aucune différence. Chaque meurtre commis est un acte inacceptable, inexcusable et irréparable. 

Mais enfin, comment ne pas voir, comment ne pas ressentir cette injustice incommensurable, et cette souffrance infinie que moi, humain, je me permets, je m'alloue le droit de commettre et d'induire. Comment un homme peut-il en tuer un autre? 

Et ce qui me torture, en écrivant ces lignes, c'est d'avoir presque honte de poser ces questions naïves, et de vouloir inconsciemment me résoudre à cette fatalité, accepter mon impuissance face à cette réalité. NON. Nous avons trop accepté, et nous avons trop détourné le regard, détourné nos pensées d'une réalité trop crue et à laquelle il est trop éprouvant de faire face. 
Je veux trouver le courage de rechausser mes godasses d'adolescente révoltée. Je veux trouver la décence de ne plus me résigner. Je veux trouver une façon d'agir en INDIGNÉE. Il est plus facile d'approuver les idées humanistes et combatives _ de la seule façon valable qui soit: la non violence_ de ce grand Stéphane Hessel, hélas décédé, que de les appliquer. Nous avons plus que jamais besoin de militants comme lui, instruits, expérimentés, engagés pour la paix.
Je vous en conjure, indignons nous, soyons Charlie ensemble! Participons à la reconstruction d'un monde dont nous n'aurons jamais plus à détourner le regard.



  Ça commence dès aujourd'hui, et à propos même de l’abominable tuerie de ce mercredi 7 janvier. Ça commence par ne pas se laisser piéger par une si facile et si tentante récupération politique, instrumentalisation au service...de la haine! Cette même haine qui a permit cette tragédie: comment pourrait-elle être à la fois cause et réponse?!
Soyons lucides, et écoutons notre cerveau plutôt que notre peur. Les coupables, les responsables, les complices, les terroristes de demain ne sont identifiables ni à l’œil, ni à l'oreille. Il est facile de vouloir croire qu'ils ont en commun quelque chose d'aussi repérable qu'une origine, une langue, une religion...Il est facile de vouloir ostraciser un groupe aléatoire de personnes, sous prétexte de se protéger, et de se donner l'illusion qu'il y a des gentils, des méchants, et que ces deux groupes sont aisément définissables et dissociables.
 Je pense qu'il n'en est rien, et que "réfléchir" ainsi ne fera que propager l'injustice et la haine, et par elles, la souffrance. 
Je pense que les coupables, responsables, complices et terroristes de demain sont initialement des individus lambdas. Je pense qu'ils ont été des personnes comme vous, comme moi. Mais qu'à travers l'éducation, et/ou des expériences et choix personnels, ils ont suivi le dangereux chemin de la peur, de la haine, et du repli sur soi. 

Car l'étendard sous lequel ces êtres cruels "combattent", c'est l'intolérance. 

Ils croient détenir "la Vérité", et entendent bien l'imposer à ceux qui pensent différemment. Mais quelle certitude que celle que l'on a besoin de revendiquer à tous et sans cesse, quelle certitude que celle que l'on a besoin d'inculquer de force, quelle certitude que celle qui n'apaise qu'une fois "visible", dans le regard meurtri ou vide d'une victime de l'idée, dans la servitude désespérée d'un humain devenu esclave.  
Le prosélytisme est l'arme mais surtout la défense d'individus faibles et apeurés par une réalité qui les dépasse. Imposer une idée pour avoir l'illusion d'une communauté universelle y adhérant cœur et âme, ça rassure, ça conforte, ça alimente la certitude que l'on ne peut se permettre de perdre: sans cela,c'est tout un système de valeur, de croyance et d'espoir qui menace de s’effondrer, et d'anéantir ainsi un individu déjà fragile. Il est des prises de conscience dont on risque de ne jamais se relever.

Mais ne nous voilons pas la face. Chacun de nous, dans une moindre mesure, est responsable de la propagation de l'intolérance. 
Qui n'a jamais regardé d'un mauvais œil un autre humain qui agissait, ou revendiquait penser différemment?! Qui n'a jamais tenté d'imposer son point de vue, lorsqu'il considérait l'opinion de l'autre comme indigne d’intérêt?
Qui ne s'est jamais vu dénigré, brimé, rabaissé, par une personne de confiance ou de passage, parce qu'il ne partageait pas sa vision des choses?

Combien d'exemples comme cela! Et pas seulement concernant les thématiques les plus évidentes, religion et culture, mais dans une infinité de contextes du quotidien, du plus banal au plus marquant.

Ça peut être l'apparence: la façon de s'habiller, se maquiller, marcher, parler...
Ça peut être le mode de vie: le logement, le rythme de vie, les priorités établies...
Ça peut être au travail, ça peut être à l'école, ça peut être dans la rue, ça peut être à la maison, ça peut être en vacances, ça peut être n'importe où, tout le temps, ça peut être à propos d'un itinéraire, à propos d'un horaire, à propos d'une méthode, à propos d'un rêve, à propos d'un regret, à propos d'un mot, à propos d'un projet...

"Non, tu le fais mal, moi je fais... " "On a pas idée de...!" "Jamais je ne m'habillerais comme cela" "Jamais entendu une connerie pareille"  "Fais comme je dis, c'est pour ton bien" "Je sais mieux que toi" "Regarde ce qu'ils mangent!Ils sont fous!"  "Non, je suis civilisé moi!" "Hahaha, n'importe quoi ces * nationalité aléatoire" "

Je vous en conjure, remettons nos principes, idées, valeurs, croyances en perspective. Pour avoir une chance d'esquisser un monde meilleur, devenons humbles.

Je vous en conjure, indignons nous ensemble, oui, mais de la haine qui sépare et détruit, pas de la différence qui créé. 

Réalisons que la différence n'est jamais connotée. Qu'autre n'a jamais été synonyme de "mieux"ou de "moins bien". Ouvrons nous à l'inconnu et sachons apprendre des autres, de "l'Autre" sans jamais que cela n'ai à signifier le reniement se sa propre individualité.
Cessons de craindre la nouveauté, la différence. Apprenons à l'accepter, la souhaiter, nous l'approprier même si nous découvrons qu'elle est compatible avec notre petit monde personnel. Et lorsque nous aurons ce sentiment d'être nous-même tout en étant ouvert à l'Autre, alors nous serons prêts à transmettre cela à nos proches, petits et grands. 
Travaillons sur nous-même, prenons chacun la voie qui nous ressemblera le mieux vers un objectif commun: le vivre ensemble. 
Et dès demain, dès que nous serons suffisamment sereins et heureux dans la voie de la tolérance, acceptons cette responsabilité qui nous incombe, éduquons enfin les enfants, les adolescents, et tous les humains qui nous entourent à la réflexion, au respect et à l'humilité: 3 piliers de la tolérance nécessaire à la vie en société.

"For to be free is not merely to cast off one's chains, but to live in a way that respects and enhances the freedom of others."

"l'éducation est l'arme la plus puissante que l'on peut utiliser pour changer le monde"


Je vous en conjure, ne nous taisons plus. Ne nous cachons plus. Ne nous mentons plus.

Je vous en conjure, indignons nous, soyons Charlie.







Cet article se veut être un appel à la solidarité et la tolérance, et également, un hommage aux victimes de cette tragédie. Je salue la mémoire de ces journalistes perspicaces et provocateurs, toujours, dans la dénonciation d'une réalité qu'ils n'ont jamais acceptée, qui "[sont] morts debout, plutôt que d'avoir vécu à genoux". Je salue également la mémoire des autres victimes, directes ou indirectes, qui n'ont eu d'autre tort que celui de ne pas faire partie des attaquants.








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