Pour cette deuxième semaine, censée me rapprocher du tant attendu virement français, j'ai investi dans une carte de transport hebdomadaire. Choix judicieux qui m'aura évitée de me ruiner en aller/retour centre ville/ appart.
Les transports sont très chers ici (voir le site de Toronto Transit Commission), mais c'est quand même bien pratique pour se déplacer en ville, et je pense nécessaire quand on habite mon quartier.
J'ai commencé la semaine par un atelier au centre francophone avec des conseils pour rédiger "resumes" et lettres de motivation. En fait, le "Resume" n'a rien à voir avec un CV français.
Ici ,il faut cibler très précisémment le poste visé, montrer que l'on a compris de quoi il s'agissait, et prouver par A + B que nos compétences, expériences et qualifications correspondent parfaitement au poste.
Il faut se vendre, quoi. Ne pas hésiter à ajouter une bonne dose de fioritures, à extrapoler à partir d'expériences, à balancer du chiffre à plein régime...autant dire que j'adore faire ça!
Après une bonne dose d'arrachage de cheveux, de contact d'anciens collègues/chefs (ouuf, qui sont aussi des amis et avec qui je suis régulièrement en relation), et un sacré nombre d'heures parties en fumées pendant que j'étais assise devant mon ordinateur (même pas en train de mater une série!), ça y était, enfin, j'avais un "resume" à l'aspect à peu près canadien pour chercher un poste de vendeuse (également utilisable pour un poste de serveuse).
Pour rédiger le resume (et la lettre de motivation associée), je m'étais basée sur une annonce postée sur la page fb des pvtistes à toronto (ici) stipulant qu'une chocolaterie (mmmmh) recherchait des vendeurs.
Je voulais y déposer resume + lettre de motivation le plus rapidement possible, sauf que "rapidement" devient très relatif quand :
1) tu habites à 1h15 en transports en commun de la boutique
2) tu n'as pas d'imprimante
3) Haaa, et oui, c'est vrai, tu n'as pas de numéro de téléphone non plus!!
Bref, il était grand temps pour moi de me jeter dans la jungle cruelle des offres mobiles canadiennes.
En prévision de cette démarche, j'étais également allée fureter sur internet pour comparer les offres, avoir quelques avis de consommateurs lambdas, et quelques avis de pvtistes. Je me suis également rendue au petit centre commercial près de chez moi pour poser quelques questions aux employés de 3 opérateurs différents, afin d'être sûre d'avoir une bose base de comparaison.
Ha oui, car tout comme les comptes courants, les abonnements téléphoniques sont très différents d'en France. Ils n'ont pas connu de révolution free ici (il serait temps d'ailleurs), du coup les offres sont chères et comportent de nombreux pièges.
Ainsi, et cela peut éventuellement se comprendre, la plupart des offres ne concernent que les appels LOCAUX, c'est à dire dans une zone précise du Canada, les autres appels éventuels comptant en hors forfait. Le Canada étant beaucoup, beaucoup plus étendu que la France, la notion d'appel longue distance n'y est pas tout à fait désuète. Mais heureusement, il existe également des offres comprenant des appels dans tout le Canada ("Canada Wide"), décomptés normalement du forfait comme le serait un appel local.
Bon, me voila parée pour la chasse au forfait, petit tableau comparatif, hop hop, il ne me reste plus qu'à aller poser 2-3 questions à un opérateur partenaire de PVTistes.net Sauf qu'il n'y a qu'une adresse, au centre ville, je me prévois donc une journée bien chargée:
Questions résiduelles chez phonebox / recherche d'une boutique fido si l'offre de phonebox ne me convient pas et ouverture d'une ligne/ passage au centre francophone pour faire relire resume + lettre, ajout de mon numéro et impression/ passage éclair à la chocolaterie pour y déposer tout cela/ retour express au centre franco pour l'atelier sur le droit canadien en milieu professionnel et enfin soirée pvtiste.
Haha, mais que j'étais naïve!
J'ai déjà mis un peu de temps à trouver le locaux de phonebox, planqués en haut d'un coin d'immeuble et indiqué par des petites feuilles fléchées. Ensuite, j'explique que je souhaite avoir des infos sur le forfait basique, en précisant que je viens dans le cadre de l'offre pvtistes. L'employée me renseigne, mais au fur et à mesure de la conversation, je me rends compte que cela ne va pas du tout me convenir. L'offre n'est que locale, le réseau de l'opérateur est peu étendu (en tout cas, pas dispo partout au Canada) et pour profiter de l'offre pvtiste, il faudrait que je souscrive pour un an. Sauf que considérant mes projets de voyage au cours du séjour, je ne peux pas me restreindre ainsi.
Bref, j'ai pris congé (en remerciant pour les infos, quand même), et je me suis dirigée vers le centre francophone en esperant trouver facilement une boutique fido sur le trajet. Peine perdue, dans Chinatown, les boutiques à front de rue vendent essentiellement des souvenirs ou des légumes ou des vêtements, ou de la bouffe ou ce sont des banques. Voila, en gros. Je me suis renseignée auprès de plusieurs personnes qui m'ont indiqué diverses possibles localisations, en fait, je me suis surtout promenée dans tous les sens pendant 30mn avant, enfin, de tomber sur le gros centre commercial du coin. Yeees, un fido se trouvait à 2 pas de l'entrée. Par contre, hum, bonjour l'ambiance. J'ai presque eu l'impression de déranger le vendeur en entrant dans la boutique. Je lui ai proposé de finir ce qu'il faisait si je l'avais interrompu au milieu de quelquechose, mais en fait non, il ne faisait rien, il aurait préféré continuer à faire cela.
Confirmation des infos que j'avais, vérification de mon passeport + carte de...crédit!( française, la carte de débit canadienne n'a pas eu l'air de lui plaire), ça j'aimais moins mais bon, vu l'ambiance, je préfèrais penser qu'il s'agissais d'une procédure routinière plutot que de me lancer dans de grandes questions existentielles.
Au final, conditions correctes (et économique) au regard de l'offre générale en téléphonie mobile canadienne, en esperant qu'aucun problème ne surviendra:
- 31,5 $ / mois au lieu de 35 (parce que j'ai amené un téléphone desimlocké), plus taxes!! (hé oui, surprise, les taxes sont en bonus au moment du paiement, et non précisées pour les novices dans les tarifs; c'est 13% du montant je crois, à payer en plus du forfait chaque mois).
- 250mn d'appel par mois dans tout le Canada (/!\ça peut paraitre beaucoup, mais n'oubliez pas qu'ici, les appels entrants sont également facturés! 250mn comprend donc appels entrants et sortants).
- Sms internationaux et dans tout le canada illimités
- Appels illimités au Canada les soirs de 17h à 7h du matin et les week ends à partir du vendredi soir 17h
- Affichage du numéro et messagerie vocale jusqu'à 3 messages qui peuvent être gardés jusqu'à 3 jours. ==> hé oui, ça peut paraitre aberant, mais ces services allant de soi en France sont ici une option normalement payante!
Bon, voila, munie d'un téléphone à nouveau fonctionnel (resté en mode hors ligne depuis Charles de Gaulle), je me suis hâtée de rejoindre le centre francophone.
Lorsque je suis arrivée, il était déjà 14h30. J'ai vite vu mon espoir de finaliser le CV, l'imprimer, le déposer puis revenir pour l'atelier de 16H s'envoler, loin, loin, loiiin....Mais bon, ce n'était quand même pas le moment de perdre d'avantage de temps, j'ai mis les documents à jour puis je les ai soumis au regard compétent et exigeant d'une conseillère.
Ha ben en fait, non, je n'avais pas flirté avec la perfection canadienne, loin de là. J'ai fait un mic mac entre un CV fonctionnel et chronologique, sans pour autant avoir la forme d'un CV combiné. Lol, comme d'hab, je n'ai pas spontanément réussi à rentrer dans les petites cases... Mais elle valide malgré tout le contenu, qu'il faut toutefois réorganiser et retoucher pour correspondre aux formats attendus. Ok, là c'est vraiment pas la peine de rêver, je ne déposerai pas ma candidature à la chocolaterie aujourd'hui...
J'ai donc retravaillé les documents en suivant ses conseils et les ai imprimés in extremis avant la fermeture du centre. Entre temps, Sandrine m'a rejoint pour l'atelier sur Le droit professionnel en Ontario. L'intervenant, un juriste spécialisé, était clair et interessant. Et il a été confirmé qu'ici, un employé peut sans préavis et sans justification nous licencier du jour au lendemain...Trop cool! --'
A part ça, fait pas bon avoir des projets autres que professionnel en Ontario: 2 semaines de congés payés par an seulement! Mais bon; en tant que résidente temporaire, ce n'est pas trop mon problème.
Après cette journée bien sportive (à courir partout sans être franchement productive pour autant), rien de tel que la perspective d'une soirée PVTistes pour regagner les quelques degrés de motivations égarés en chemin. Et le top, y aller avec Maud et Sandrine: quoi qu'il arrive, on ne va pas s'ennuyer!
Effectivement, un coin de bar était réservé à l'événement, et nous avons été chaleureusement accueillies par les organisateurs avec un petit jeu pour briser la glace. Un BINGO, et oui, avec quelques informations éparses sur certains participants, dénichées au cours de conversations sur le forum du site. Il fallait attribuer un prénom à chaque déclaration, ce qui nécessitait d'aller parler aux gens! Bien cool comme idée, sauf qu'une fois que tout le monde est arrivé, on était une 100aine à parler français, un peu serrés dans notre coin. Certains ont plus joué le jeu que d'autres (Sandrine, bien joué, tu as failli gagner une place de ciné!Et tu l'aurais mérité!).
Cela nous aura permis de discuter avec quelques uns de nos compatriotes, qui se sont révélés bien sympathiques! Mais arriver à plusieurs n'incite pas franchement à se socialiser, contrairement à quelqu'un qui arrive tout seul et qui n'a pas le choix s'il veut passer une bonne soirée. On a donc un peu choisi la facilité, mais on y remédiera aux prochaines soirées!
En tout cas, la bière était bonne (servie en pinte directement), et les sticks de mozza...Miam! Gros bordel (et rigolade, du coup) pour régler la note, c'est tellement compliqué ici! Il y a le prix initial annoncé, auquel sont rajoutés les taxes, et il ne faut SURTOUT pas oublier de rajouter 10 à 15% pour le service qui n'est pas inclus, sous peine de se faire regarder franchement de travers.
Bonne soirée donc, à refaire bientôt!
Enfin, le samedi, Sahand (ma coloc), Sandrine, Maud et moi-même nous sommes données rendez vous au port d'embarquement du ferry pour aller sur les îles.
Le trajet jusqu'au au port nous a déjà bien rafraichies, et étant en avance, nous nous sommes accordées une petite pause café dans un "Tim Hortons" café.
Perplexe devant le panel de boisson proposé, j'ai opté pour un "french vanilla". Je me doutais que ça serait plutôt sucré, mais alors là! C'est mon café IRTS version lait/arôme/sucre/sucre/sucre/goutte de café.
Alors heu, oui, c'est bon, haaa ça il n'y a pas de doute. Mais "trop" bon quoi, c'est pas naturel tout ça!! Je me suis donc régalée en me promettant de ne jamais, jamais en faire une habitude. Je ne pense pas que ça m'aurait un jour tenté de devenir une consommatrice extrème de café Tim Hortons, Starbucks ou autre lubie de notre belle société de consommation, mais au moins, croix de bois, croix de fer, je me suis fait une promesse et si je la trahis je vais en enfer!
Concernant notre passage sur l'île il fût...frisquet!! (Euphémisme bien sûr, un petit vent bien mesquin n'a pas arreté de s'engouffrer là où il pouvait, généralement dans le col de nos manteaux; il ne nous a pas non plus épargné visage et mains _ quand on était suffisamment écervelée pour enlever nos gants et prendre des photos par exemple). Mais c'était super beau!!
Par contre, cet havre de calme tranchait RADICALEMENT avec le centre ville que nous avions quitté 15mn auparavant. Ici, nous n'avons quasiment croisé personne en environ 2h, il faut dire que peu de gens ont été assez fous pour s'aventurer sur l'île par un temps pareil. A noter qu'il faisait beau, mais juste froid!
Ce qui est excellent, c'est que cette île est habitée. Il y a des Torontois qui tous les jours, prennent le ferry le matin pour aller travailler, et rentrent chez eux par le même biais le soir. Je trouve cela absolument génial, et je me verrais bien dans cette situation immobilière si je vivais là de manière permanente. Bon, il vaut mieux éviter d'avoir peur de l'eau, et il est également nécessaire de croiser les doigts bien fort pour qu'une tempête ne se produise pas, car bye bye la possibilité de rejoindre le centre ville, et tous les vivres qui vont avec. Ca doit également être peu pratique au moment de faire ses courses (enfin, plutot pour les ramener); surtout au début lorsqu'on veut s'acheter de l'électroménager ou autres encombrants. Ils doivent serrer un peu les fesses l'hiver quand même, surtout après celui qu'ils ont subi l'année dernière, parce que là bas, une panne d'électricité ou d'eau courante doit être, je pense, plus longue à résoudre.
N'empêche, c'est génial de voir tous ses gens débarquer ou embarquer avec leur vélo.
L'aspect inhabité de l'île telle que nous l'avons arpentée est impressionante, habituée que nous sommes maintenant à la foule qui arpente quotidiennement les rues de la ville. D'autant plus avec certain détails anodins, mais qui laissent libre cours à l'imagination. Par exemple, ces 2 vélos d'enfants, laissés au hasard d'un chemin, sans l'ombre de leurs propriétaires. Ou bien toutes ces petites maisons, allumées, mais sans âme qui vive à l'intérieur. Maud n'a pas manqué de remarquer tous ces détails et de les assembler en une ambiance glauque à souhait, qui nous a fait frissonner de froid aussi bien que de joyeuse peur.
C'était un super samedi à Toronto, qui a clôt la semaine! Le lendemain, je suis restée à l'appart en mode loque et je me suis enfin attelée à la rédaction de l'article sur la 1ère semaine.
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